Biographie
Ibn Sina est le plus grand savant musulman et l'un des plus célèbres savants dans le monde ; il fut à la fois philosophe, médecin, mathématicien et astronome.1
De son nom Abu Ali al-Hussein ibn Abdullah ibn Sina, surnommé le Maître Cheikh, et désigné comme le Troisième Maître après Aristote et al-Farabi. Connu chez les Européens comme Avicenne, Ibn Sina est né près de Boukhara en 380 H/980 (actuellement en Ouzbékistan) et mort à Hamadan en 428 H/1037. C'est à Boukhara qu'il a reçu son premier enseignement où il appris le Coran et le langage avant d'étudier les lettres, la philosophie, la logique, la géométrie, l'astronomie, la médecine et les sciences naturelles. Il devint une autorité en matière de médecine, d'astronomie, de mathématiques et de philosophie avant d'atteindre les vingt ans.2
Sa réputation en médecine fit de lui le médecin des princes. C'est ainsi qu'il réussit à soigner avec succès l'émir de Boukhara (Nouh ibn Mansour), ainsi que l'émir de Hamadan (Chams al-Dawla) et l'émir d'Ispahan (Alaa-Ud Dawla), qui l'ont comblé et lui ont ouvert les portes de leurs bibliothèques, ce qui lui a permis de compléter ses études et d'approfondir ses connaissances dans les différents domaines du savoir.3
L'attention d'Ibn Sina ne s'arrêtait pas à la science, s'adonnant également à la politique et la gestion des affaires de l'Etat. Il fut, en effet, nommé vizir par Chams al-Dawla à Hamadan, avant de l'emprisonner. Après plusieurs mois d'incarcération, Ibn Sina put s'enfuir pour Ispahan où il vécut ses derniers jours sous la protection de l'émir Alaa-Ud Dawla, mais c'est à Hamadan qu'il est mort.4
Contributions scientifiques
Ibn Sina s'est particulièrement distingué en médecine où il fit de nouvelles découvertes. Il est le premier à parler, en détail, d'un ver circulaire, connu aujourd'hui comme l'Ancylostoma. Il a étudié les troubles nerveux et débouché sur certaines réalités psychologiques et pathologiques par le biais de la psychanalyse. Il estimait que les facteurs psychiques et cérébraux influent énormément sur les organes du corps et leurs onctions. Il a décrit, en outre, l'apoplexie, 5 causée par l’hypertension sanguine. Son apport en médecine est immense, fondé sur ses propres observations. Car c'est grâce à l'expérimentation, à laquelle il accordait une place de premier ordre, qu'il parvint à des observations fiables. Citons, à titre d'exemple, sa perception de la nature contagieuse de la tuberculose, la propagation des maladies à travers l'eau et le sol, sa description minutieuse des maladies de la peau, ainsi que les maladies vénériennes. Sans oublier sa description pharmaceutique pour la préparation d'un certain nombre de remèdes.6
Ibn Sina fut aussi le premier à découvrir les infections contagieuses de la membrane cérébrale, qu'il distingua des autres infections chroniques. Il établit le premier diagnostic explicite de la sclérose du cou et de la méningite.
Il traita également la paralysie faciale et ses causes, distinguant entre la paralysie provoquée par une cause cérébrale et celle d'origine locale.7
Dans le domaine de la physique, Ibn Sina a contribué à l'étude d'un certain nombre de phénomènes naturels tels que le mouvement, la force, le vide, l'infini, la lumière et la chaleur. Il a constaté, en outre, que si la perception de la lumière provenait de la projection d'un certain type de corpuscules par une source lumineuse, la vitesse de la lumière devrait être obligatoirement limitée.8
Ibn Sina a contribué, d'autre part, à la géologie par sa thèse sur la constitution des montagnes, des pierres précieuses et des minéraux. Dans cette thèse, il a discuté de l'influence des séismes, de l'eau, de la température, des sédiments, de la fossilisation et du déboisement.9
Il est passé également maître en mathématiques et en astronomie, traitant religieusement, physiquement, et mathématiquement, de questions portant sur les corps infinitésimaux, ce qui permit à Newton et à Leibniz, au XVIIe siècle, de mettre au point le calcul infinitésimal.10
Œuvres
Les œuvres d'Ibn Sina sont d'un nombre qui dépasse les deux cents ouvrages et thèses, et dont les plus importantes sont :
- «Kitab al-Qanun» (Livre de la loi) : ouvrage inestimable, c'est l'une des plus importantes œuvres d'Ibn Sina et fut à l'origine de sa célébrité en médecine. Largement répandu tant en Occident qu'en Orient, l'ouvrage a été traduit par Gérard de Crémone en latin au XIIe siècle. Il a été imprimé seize fois au cours des trente dernières années du XVe siècle, dont une en hébreu et les autres en latin, et réimprimé plus de vingt fois pendant le XVIe siècle.11 Enseigné en Europe jusqu'au XIXe siècle, il a été réimprimé en 1996 par l'Institut de l'Histoire des Sciences arabo-islamiques de l'Université de Francfort, dans le cadre de la série sur la médecine islamique éditée par Fouad Sizkine ;
- «Kitab al-Chifaa» (Livre de la guérison) : il s'agit d'une encyclopédie philosophique comportant la somme des connaissances acquises par Ibn Sina en matière de logique, de sciences naturelles et de philosophie ;
- «Kitab al-Najat» (Livre de la délivrance) : c'est un condensé du «Kitab al-Chifaa, mais moins compliqué ;
-«Kitab al-Icharat wal Tanbihat» (Livre des signes et des avertissements) : présente des études en sciences naturelles, en théologie, en soufisme et sur la morale.
Ibn Sina possède d'autres œuvres en médecine, philosophie, musique, langue, théologie, psychologie, logique, sciences naturelles, mathématiques et astronomie.
Par Halima EL GHRARI
Traduit de l’arabe par Haydar EL YAFI
voir aussi site dédié à IBN SINA → IBN SINA
Allez au sommaire Les promoteurs de l'esprit scientifique dans la civilisation islamique
Notes:/
(1) Sarton : Introduction to the History of Sciences, p. 709.
(2) Encyclopédie arabe simplifiée, p. 19.
(3) Tuqan : Héritage scientifique des Arabes en mathématiques et astronomie, p. 323.
(4) Encyclopédie arabe simplifiée, p. 19.
(5) Tuqan : Héritage scientifique des Arabes en mathématiques et astronomie, p. 331.
(6) Sarton : op. cit., p. 710.
(7) Hunke : Le soleil des Arabes brille sur l'Occident, p. 272.
(8) Sarton : op. cit., p. 710.
(9) Hunke : op. cit., p. 162.
(10) Hunke : op. cit., p. 162.
(11) Arnold : Héritage de l'Islam, p. 476.
Figure 6: The title page of Ibn Sina's (11 century CE) Kitab Al-Qanun fi al-Tibb taken from a printed copy of the book, based on a Florentine manuscript, in the rare book collection of the Sibbald Library at the Royal College of Physicians of Edinbu